Le pouvoir d’achat, cheval de bataille des élections législatives
Appinio Research · 24.06.2024 · 10min Temps de lecture
Sommaire
Sujet déjà sensible, la question du pouvoir d’achat revêt, dans le contexte électoral actuel, une importance toute particulière. Dans quelle mesure celle-ci impacte-t-elle les intentions de vote des Français ? Quelle confiance ont-ils envers les politiques pour améliorer leur pouvoir d'achat ?
Grâce à notre expertise et aux réponses d’un panel représentatif de 1 000 Français, nous avons répondu à ces interrogations, plongeant au cœur des préoccupations majeures des électeurs. Cette étude - menée du 13 au 15 juin 2024, en collaboration avec LSA - révèle non seulement l'ampleur de l'impact économique ressenti par les Français, mais aussi comment cette réalité influence leurs préférences politiques et leurs attentes envers les futurs élus.
Consultez notre dashboard interactif et accédez à l'ensemble de nos données brutes sur la question du pouvoir d'achat et son poids lors des élections législatives de 2024.
Une baisse du pouvoir d’achat qui pèse de plus en plus sur les Français
Les données issues de notre étude révèlent une réalité préoccupante pour de nombreux Français : plus de la moitié des participants ont constaté une baisse de leur pouvoir d’achat au cours des 12 derniers mois, un constat symptomatique du climat économique actuel.
Cette baisse du pouvoir d'achat impacte le quotidien des Français. Ces derniers l’imputent en priorité (à 76 %) aux hausses successives et significatives des coûts de l’énergie (essence, électricité), suivies de l’augmentation des prix des produits alimentaires (69 %) et plus généralement des produits de grande consommation (60%). Des dépenses qui pèsent de plus en plus sur le budget des ménages.
Mais quelles en sont les conséquences ? La gestion des dépenses courantes devient un exercice de plus en plus complexe, nécessitant des ajustements constants. Les choix de consommation sont repensés, les priorités réévaluées, et les comportements d'achat modifiés en conséquence. Et ces défis économiques ont des implications non seulement sur le quotidien des Français, mais aussi sur leurs attentes vis-à-vis des politiques publiques. À l'approche des élections législatives, il est clair que le pouvoir d'achat incarne ainsi un enjeu central pour les électeurs.
Le pouvoir d'achat en berne, c'est le nouveau baromètre des tensions sociales en France. Et il devient un terrain miné où les préférences politiques se révèlent. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : 62 % des électeurs ayant voté pour l'extrême droite aux dernières élections européennes se sentent particulièrement touchés par la baisse du pouvoir d’achat. Une réalité qui exacerbe leur sentiment de marginalisation et leur colère envers un système qu'ils jugent défaillant. Les électeurs de gauche ne sont pas en reste, puisque 51 % d'entre eux partagent ce ressenti, alimentant un discours de lutte contre les inégalités sociales. Par contraste, les partisans de Renaissance semblent moins affectés, 60 % d'entre eux affirmant que leur pouvoir d'achat est resté stable – et 15 % relevant même une augmentation de celui-ci. Cette divergence révèle une polarisation socio-économique qui façonne profondément le paysage électoral.
Le pouvoir d'achat, première préoccupation des Français pour les législatives
Les élections législatives, ce n'est pas seulement une question de sièges à pourvoir. C'est une bataille clé de la vie politique française, conditionnant la désignation du pouvoir exécutif. Les préoccupations économiques des citoyens sont au cœur des débats, façonnant les priorités électorales et influençant les choix de vote.
Lorsque les électeurs sont interrogés sur les critères guidant leur choix de vote aux législatives, le pouvoir d'achat arrive nettement en tête de leurs priorités, à 36 %. Ainsi figure-t-il parmi les trois principales préoccupations de près des deux tiers des Français (61 %), bien devant l'immigration et la sécurité, respectivement à 39 % et 37 %, des thèmes pourtant particulièrement portés présents dans les discours politiques actuels.
Parmi les autres sujets qui influencent le poids du scrutin, viennent ensuite les enjeux sociaux (relatifs notamment aux services publics et à la question des retraites) à 25.4 %, puis l’économie globale (recouvrant le chômage, la dette publique ou encore les enjeux d'industrialisation), à 24 % et la santé à 22 %. Les autres sujets, tels que les enjeux sociétaux, environnementaux ou encore l’éducation apparaissent ici moins prioritaires, se plaçant respectivement parmi les trois principales considérations de seulement 17 %, 15 % et 12 % des répondants. Bien que cruciales, ces questions sont, pour ces élections législatives, reléguées au second plan compte tenu des impératifs de la réalité immédiate dans laquelle se trouvent les ménages français.
Que l'on soit de gauche, de droite ou du centre, la question du pouvoir d'achat touche tout le monde et transcende les clivages politiques traditionnels. On constate en effet que, quelle que soit l’orientation politique des répondants, le pouvoir d’achat reste la priorité. On remarque que les préoccupations des électeurs ayant voté pour l’extrême droite aux dernières élections européennes sont bien plus concentrées (sur le pouvoir d’achat et l’immigration), quand celles des électeurs d’autres bords politiques sont plus diluées.
Politique et pouvoir d’achat : la méfiance affichée des Français
Le pouvoir d'achat est une préoccupation centrale pour les Français, mais la confiance envers les politiques pour améliorer cette situation est en chute libre. Entre promesses non tenues et déconnexion perçue avec la réalité, une méfiance croissante se fait sentir.
Si la grande majorité des Français (75 %) estiment que les politiques pourraient avoir un impact sur le pouvoir d'achat, selon notre étude, ils sont moins de la moitié (44 %) à leur accorder leur confiance sur ce point. Ce chiffre met en lumière une frustration profonde : les promesses non tenues, le sentiment d'une déconnexion flagrante avec la réalité des citoyens, et un manque d'actions concrètes alimentent cette défiance.
"Mensonge", "trahison" et "belles paroles", tels sont les termes revenant souvent dans les réponses des sondés. Pourquoi tant de méfiance envers nos politiques ? La perception d'une classe politique carriériste, plus soucieuse de ses propres intérêts que de ceux des citoyens, alimente ce malaise. L'impact des décisions prises au niveau européen est également pointé du doigt, renforçant le sentiment que les politiques nationales sont inefficaces ou hors de portée. Est-il surprenant que la tendance générale soit à la défiance ? Pas vraiment. Les électeurs attendent désormais des actions concrètes plutôt que des beaux discours.
Notre étude révèle que 49 % des électeurs de gauche n’ont pas confiance en la capacité de leurs représentants à soutenir le pouvoir d’achat, un chiffre qui rivalise avec celui de la droite, où 42 % des électeurs partagent ce scepticisme. Mais tous ne partagent pas cette vision pessimiste. Les électeurs de Renaissance, par exemple, se montrent nettement plus confiants : 85 % sont convaincus de leur impact potentiel, et 70 % d'entre eux croient en la capacité de leurs représentants à soutenir le pouvoir d'achat. Les sympathisants de l'extrême droite affichent également un certain niveau de confiance, avec 59 % d'entre eux se disant confiants, dont 20 % se déclarant même "très confiants". Mais si les électeurs de Renaissance et de l'extrême droite manifestent des niveaux de confiance supérieurs envers leurs représentants, la demande pour des mesures concrètes reste unanime.
Conclusion pour les élections législatives 2024
En résumé, pour ces élections législatives 2024, les préoccupations des Français se cristallisent autour d'un enjeu principal : le pouvoir d'achat. C’est LE critère qui pèse le plus sur les intentions de vote des Français, plébiscité par 36 % des sondés. Cette concentration des attentes sur le pouvoir d'achat révèle une exigence claire de la part des électeurs : des actions concrètes et efficaces pour améliorer leur réalité économique quotidienne.
Aussi, les données recueillies suggèrent que les Français éprouvent un sentiment de méfiance persistant envers les politiques, avec une moyenne de 56 % d’entre eux ne faisant pas véritablement confiance aux politiques pour lesquels ils votent pour soutenir leur pouvoir d’achat.
L’enjeu est donc de taille : des actions tangibles, pour restaurer le niveau de vie des Français, par là même, la confiance envers les institutions et représentants politiques.
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